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DE LHASSA AU KAILSH


Depuis Lhassa, après avoir bifurqué à Dagar à 70km de Lhassa, le col de Kamba La (4600m d'altitude) permet de passer de la vallée du Fleuve Tsang Po au haut plateau où s'étend le lac Yamdrok.
Quelques tentes sont installées au sommet du col et la vie des quelques habitants s'est organisée autour des voyageurs qui passent le col et s'y arrêtent. La présence de billards au bord de la route est tout à fait surprenante mais il n'est pas rare au Tibet de trouver ce genre de jeux dans les endroits les plus inhabituels.
Les cols sont des lieux particuliers pour les Tibétains et leur passage est l'occasion de manifester une joie profonde et pourquoi pas d'ouvrir une bière pour fêter l'évènement. Il est fréquent de jeter par la fenêtre du véhicule des petits carrés de papier de couleur inscrits de prières.

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Une fois le col passé, la route plonge en direction du petit village de Tamalang qui est aussi un petit port d'où un ou deux bateaux font la liaison avec le village de Tiagang sur la rive opposée.
La route traverse ensuite la ville de Narkatse d'où part le trek pour les monastères de Samding et Yonpodo. Ensuite l'ascension vers le col de Karo La (5000m) commence avec une vue magnifique sur le mont Kalurong (6674m).

Derrière le col, la route redescend vers Gyantse et longe un temps le lac artificiel du barrage de la centrale électrique qui alimente toute la vallée de la rivière Nyang Chu. La route entre Narkatse et Gyantse a fait l'objet de lourds aménagements au cours de l'été 2007. Au fur et à mesure que l'altitude décroît on remarque la présence dans la vallée de végétation de plus en plus luxuriante et verdoyante.

La route qui mène de Lhassa au mont Kailash est un itinéraire long est fatiguant. En 4x4 il faut pas moins de 3 jours pour parcourir les 1450km qui séparent ces deux lieux mythiques et le bitume ne recouvre la piste que jusqu'à Old Tingri (à 666km de Lhassa)

Le tronçon de route de Lhassa à Mento n'est autre que la célèbre Friendship Highway. Elle continue ensuite vers le Népal alors que la route du Kailash emprunte une piste qui part sur la droite en direction de Dzongba.

Il y a deux itinéraires possible jusqu'a Shigatse, le premier de 344km passant par Gyantse le Kamba La et Karo La, deux cols à plus de 4600m, et le second de 310km passant plus au nord et ralliant directement Shigatse où les deux routes se rejoignent à nouveau.



Une fois arrivé à Gyantse, on retrouve la route bitumée, nous sommes à 260km de lhassa. Ne manquer pas de visiter Gyantse, c'est un joyau du Tibet et les habitants sont très accueillants. Le Palkhor Chode et le Kumbum vous conteront l'histoire de l'art tibétain. Profitez de cette ville ou il fait bon flâner. Ses larges rues très vivantes sont propices à la rencontre.

Depuis Gyantse il vous faudra deux heures pour rejoindre Shigatse distante d'environ 100km. Shigatse est aussi accessible par une alternative peu fréquentée de la Friendship Highway qui vient directement de Lhassa sans passer par le Yamdrok.
Shigatse est la deuxième ville du Tibet avec ses 50000 habitants à forte majorité chinoise. Inutile de préciser que la population et le développement de la ville ont explosés depuis la révolution culturelle. La forte croissance du tourisme au Tibet depuis la mise en service du train favorise aussi le développement de cette ville. Depuis peu la Chine a décidé de continuer la construction de la ligne ferroviaire jusqu'à Shigatse.


La Chine n'a pas pu s'empêcher de construire face à l'entrée du monastère une esplanade à l'image de celle du Potala.
Les environs du temple sont un lieu des vie populaire dédié au commerce et à l'échange, nombre de marchands y installent leur stand. Malheureusement ils sont de plus en plus nombreux à destiner leurs articles aux touristes de passage. Mais on y trouve encore des activités aussi traditionnelles que le séchage de la viande de yack.

Shigatse dispose d'un important patrimoine culturel et religieux dont la pièce maîtresse est le monastère de Tashilumpo (litteralement "toute la fortune et le bonheur rassemblés ici" ou "monceau de gloire) qui est le plus important de la province du Tsang. Il fut fondé en 1447 par Genden drup, premier Dalaï-lama. Plus tard, le 5 ième Dalaï-lama nomma le lama du temple Panchen Rinpoché (réincarnation du boudha Amithabha) premier de la série des Panchen lamas. Le Panchen lama est avec le Dalaï-lama la figure la plus importante de la religion au Tibet.
Tashilumpo fut le siège des Panchen lamas, du 4ième au 10ième. Leurs dépouilles y sont encore conservées aujourd'hui.

Tashilumpo hébergea jusqu' à 5000 moines répartis en 4 collèges Gelugpa mais ils ne sont aujourd'hui plus que 700.

L'entrée originale du temple a été remplacée par une nouvelle plus imposante un peu plus à l'ouest de la première. L'enceinte du monastère abrite le palais des Panchen lamas ainsi que de nombreuses chapelles et le magnifique chörten-tombeau du quatrième Panchen lama.

Le moment est venu de quitter Shigatse, par l'ouest de la ville en direction de Lhatsé à environ 100km, village moderne de transit sans grand intérêt. Quelques kilomètres plus loin le premier check point de l'itinéraire vous obligera à faire une halte de quelques minutes.

Le poste de contrôle flambant neuf équipé de caméras et de puissants projecteurs éclairant les abords du poste pendant la nuit accueille chaque jour de nombreux voyageurs. Une fois les formalités administratives accomplies, l'ascension vers le col de Lhakpa La (5207m) peut commencer.

Ce col marque l'entrée de la réserve naturelle du mont Qomolangma (nom chinois de l'Everest). Le sommet du col est également le premier point de vue sur le toit du monde et la chaîne de l'Himalaya dont la vision n'est pas sans provoquer d'émotions. Les pèlerins sont nombreux à déposer au sommet du col des drapeaux de prière et des khatas en offrande.
Voilà 72 km que la Friendship Highway déroule son noir bitume depuis Lhatsé, nous entrons dans la petite ville moderne de New Tingri (non loin de Shegar). Un peu plus loin sur la route nous atteignons Tingri (old Tingri), son aînée distante de 80km. Nous y ferons escale et passerons la nuit, dans une auberge a l'ambiance tibétaine très agréable malgré le mal des montagne qui me gagne, nous sommes à 4400m d'altitude. Les nuits sont fraîches et la présence d'un poêle à bouse de yack dans la chambre fut d'un confort non négligeable.
Old Tingri est dominé par une petite colline surmontée d'un dzong détruit lors de l'invasion népalaise au XVIIIième siècle. La vue sur l'Everest est exceptionnelle.
Old Tingri marque la fin de la route goudronnée et aussi la fin pour nous de la Friendship Highway que l'on quittera 45 km plus loin.

Le jour suivant nous partons en direction de l'ouest à destination de Saga à environ 420km. La longue piste irrégulièrement tracée et poussiéreuse serpente sur le plateau au travers de quelques lacs comme le Langiang Tso ou Palku Tso. Après quelques heures de voyage, au beau milieu de la route se dresse un bâtiment, on y trouve une petite épicerie, une boîte à lettre de la " china post " et un bureau de vente de billets permettant l'accès aux véhicules à la zone réglementée du mont Shisha Pangma.
Après nous être acquittés du montant demandé, notre véhicule est autorisé à pénétrer dans le parc naturel. Nous continuons notre route en direction du col de Gungtang tout près du lac de Palku Tso d'un bleu turquoise vif qui tranche avec l'ocre du désert aride des alentours.



Peu après le col notre chauffeur s'arrête près d'une tente de nomades non loin du lac salé de Tso Drolung. Un pique-nique est organisé, à la mode tibétaine, au menu, la traditionnelle tsampa et la viande de yack séchée le tout agrémenté de thé au beurre fort appréciable quand il est préparé avec du beurre frais mais qui se transforme en la plus horrible des boisson si le beurre est trop rance.



Une fois rassasiés, nous reprenons la route. Enfin nous apercevons Saga au loin et après quelques minutes de patience supplémentaire nous pénétrons dans la ville. L'ambiance qui se dégage de cette ville à forte majorité chinoise est étrange et glauque .
La rue principale de construction récente a tout de l'allure d'une grande ville. Les commerçants des nombreuses échoppes vous accueillent avec curiosité. Les cabines de douche publiques y sont très répandues et tiennent une place importante, semble-t-il, dans l'économie locale. Vous y trouverez aussi une pharmacie et un semblant d'hôpital dans lequel il vaut mieux ne pas avoir à séjourner. Internet lui aussi est arrivé jusqu'ici et coupe la ville du cyber-isolement. Les jeunes Chinois sont déjà nombreux à apprécier et abuser de cette technologie, certainement à cause du fait que les loisirs à Saga sont rares. Les Tibétains quant à eux ne peuvent se permettre ce genre d'activité et les traditionnels billards ou jeux de dés animent encore les soirées du village.




Plus au nord, la ville reprend une allure plus traditionnelle à l'architecture du Tibet, moins stricte et moins rigoureuse et par la même plus chaleureuse.

Finalement notre chauffeur ne souhaite pas rester dormir à Saga et nous demande de reprendre la route jusqu'a Zongbha un peu plus d'une centaine de kilomètres plus loin Nous y passerons la nuit dans un "relais routier" isolé mais confortable. Malheureusement ce soir là pas de poêle dans la chambre.
L'étape suivante nous conduira à Paryang 120 kilomètres plus loin. Le Tibet dans cette région nous montre une nouvelle facette de ses multiples paysages. Les dunes de sables et les vertes prairies découpées de ruisseaux et marécages se côtoient sur plusieurs dizaines de kilomètres. Les yacks ajoutent au tableau une allure sauvage inoubliable.







Paryang gît au beau milieu de ce paysage. Cette petite bourgade est pour ainsi dire une bénédiction. On y trouve l'hospitalité et de quoi répondre à tous les besoins les plus basiques : pharmacie, épicerie, restaurant, garagiste, tout y est. Les enfants habitués au passage des voyageurs européens n'hésitent pas à quémander des bonbons ou des fruits.



Les restaurants servent pour la plupart une cuisine bon marché et de qualité correcte. Les colons chinois, propriétaires des restaurants, ne sont pas encore convertis à la langue anglaise, il vous faudra donc posséder une bonne maîtrise du mandarin ou vous déplacer à la cuisine et montrer du doigt les ingrédients que vous voudrez voir apparaître au menu au moment du repas, pour le reste faite confiance au chef, il saura vous préparer, la faim aidant, un plat délicieux quelque soit votre choix.

L'électricité issue de groupes électrogènes n'est disponible qu'à la nuit tombée, elle alimente les congélateurs des restaurants, alors autant vous dire qu'il vaut mieux ne pas être trop regardant quant à la qualité de la conservation de la viande de yack que l'on sert au moment des repas. La lenteur du service sera pour vous la seule garantie d'une cuisson apte à détruire les germes pathologiques pour l'homme.

Le lendemain matin, après une toilette à l'eau glacée provenant du puis de la cour de l'hôtel et après un petit déjeuner copieux au restaurant chinois du coin, nous nous mettons en route pour une ultime étape au cours de laquelle nous parcourrons les derniers 300 kilomètres qui nous séparent de Darchen.
Le premier point remarquable du trajet fut un check point, le second depuis Lhassa. Un nombre important de voitures y étaient stoppées le temps de contrôler la régularité des papiers de tous les voyageurs. La météo froide et brumeuse ne nous a pas facilité l'attente, tout comme les autorités qui ont préféré vérifier les papiers de tous les véhicules avant de nous libérer tous de cette attente interminable.
Plus loin sur la route, nous grimpons un petit col au sommet duquel le majestueux mont Kailash fait sa première apparition. Ce passage particulier est l'occasion pour les pèlerins qui se rendent à Darchen, de manifester leur joie de voir leur voyage toucher à sa fin, en déposant des drapeaux de prière et en chantant des chants religieux.
Le panorama devrait être magnifique, avec à droite le Kailash et à gauche le lac Manasarovar. Malheureusement pour nous, il nous faudra attendre encore un peu pour admirer ce mont mythique car ce dernier non content d'être à 3 jour de 4x4 de Lhassa, se jouera encore quelques heures des conditions météorologiques pour se cacher dans les nuages.


Nous roulons maintenant en direction de Horchu où nous ferons une courte halte pour rendre visite à la famille d'un jeune moine exilé en Europe. La proximité du lac Manasarovar fait de ce village un lieu de passage obligé lors de la circumambulation du lac. Les murs de mani et les crânes de yacks gravés sont nombreux et marquent le caractère spirituel particulier des lieux.






Le voyage touche a sa fin, encore quelques 50km pendant lesquels nous longeons le lac Manasarovar avant d'arriver à Darchen.

La ville s'étend au pied du Kailash. Quelques kilomètres avant d'entrer dans la ville une petite tente dans laquelle un homme surveille le passage des voiture et les arrête si elle transporte des touristes afin de les faire s'acquitter de la taxe donnant le droit d'accès à la réserve naturelle du mont Kailash. Enfin le fameux mont nous montre sa silhouette caractéristique

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